cieux
À l’aurore dans un lieu très pur, il faut s’allonger sur une terre encore noire humide, y infiltrer les doigts de la main gauche. Se remémorer tous les noms, se faire courbe, crabe, serpent presque, remplir ses yeux d’un peu de brume et se tendre et se tordre un peu. Le ciel doit être dégagé pour ne pas l’émietter. On aura au préalable incisé la demande au creux de la langue.
Lorsque la nuit s’est tout à fait dissipée, il faut de l’index droit découper avec attention le rectangle bleu, lui donner consistance fluide, celle d’un souvenir ou d’un regret c’est égal. Puis attendre à l’affût l’oiônon, un signe à l’aoriste, iris brûlée dorée grand ouverte en filet contre iris brûlée oxydée.
En relisant le début j’ai compris pourquoi j’avais balbutié et dérivé le dos sur le bitume rue après rue vers le fleuve, sous le silence opaque du ciel.
En me relevant, j’ai lu dans mon ombre qu’un regard avait troué ma tête.